Final Fantasy: The 4 Heroes of Light

Test

Le 22 novembre 2010 à 20:15 par Bastien 0 commentaire
The 4 Heroes of Light - Test

Pas besoin d'être un analyste pour comprendre que Square Enix s'est emparé de la Nintendo DS, des studios Matrix Software et Artepiazza pour développer remakes et spin-off de ses sagas phares. Si cette politique permet aux jeunes joueurs de se plonger dans l'univers de Dragon Quest et Final Fantasy sans avoir à affronter les gros pixels des consoles qui prennent la poussière, elle frustre depuis quelques années certains fans qui, eux, goûteraient bien à de nouveaux challenges. Un an après sa sortie japonaise, Final Fantasy: The 4 Heroes of Light sort enfin en Europe, terres sur lesquelles il a bien failli ne jamais être distribué. Le retour aux sources est-il aussi captivant qu'annoncé ?

Concentré de stéréotypes

On était prévenu : The 4 Heroes of Light est un hommage aux RPG développés par Square Enix à la fin des années 80. À ce titre, le scénario est une véritable tape dans le dos doublée d'un bon gros clin d'œil faits aux deux premiers volets de la série Final Fantasy. Dès les premières secondes, le joueur découvre un premier héros, Brandt, à la sortie du lit le jour de son anniversaire. Quelques pas suffisent pour déclencher le premier d'une longue série de rebondissements complètement téléphonés : la princesse a été enlevée, le roi est inquiet, c'est terrible, vous êtes le seul à pouvoir lui venir en aide en échange de quoi vous aurez sa reconnaissance éternelle. Curieusement, comme en 1987, c'est une sorcière au fin fond de la forêt au delà de la ville qui a fait le coup. Sur le chemin, Brandt fait la connaissance de Jusqua, qui n'a évidemment rien d'autre de mieux à faire que de vous aider dans votre mission. Un donjon, un combat, la sorcière est terrassée, la princesse libérée, mais tout le village pétrifié. C'est cette malédiction que vous allez devoir briser, car, vous ne le savez pas encore, mais vous et vos quatre futurs compagnons de route êtes les Guerriers de la Lumière élus par le Cristal. Retrouver cet univers naïf et austère des premières productions est agréable, mais il faut bien avouer qu'un scénariste supplémentaire n'aurait pas été de trop pour apporter un peu de pétillant.

Heureusement, la trame, aussi linéaire soit-elle, se permet tout de même quelques libertés. Les quatre énergumènes se retrouvent rapidement séparées mais aspirent au même objectif : libérer leur village. Le joueur découvre alors peu à peu le caractère de chacun et progresse dans l'aventure en arpentant de nouveaux villages, de nouvelles énigmes, de nouveaux alliés et de nouveaux ennemis aussi. Cette valse s'impose pendant les douze premières heures. Quand un groupe vient à bout d'un boss ou franchit une étape importante, le Cristal se manifeste en déverrouillant de nouvelles couronnes symbolisant les classes de vos héros.

Les joyaux de la couronne

Ces démonstrations spirituelles du Cristal ne sont pas là par hasard. Tous ceux qui ont déjà posé leurs mains sur les Final Fantasy de l'ère Nintendo connaissent le principe. Cette fois-ci, Square Enix a conçu un système moins austère et plus intuitif, mieux adapté à la Nintendo DS et aux mœurs de cette génération. Chaque job est symbolisé par une couronne, coiffe qui peut être équipée à tout moment par n'importe quel personnage, quels que soient les accessoires qu'il revêt. Chacune d'entre-elles peut être améliorée en y incrustant le nombre de gemmes nécessaire pour passer au palier suivant et ainsi bénéficier de techniques spéciales propres à chaque classe. Ce système ne révolutionne rien, mais l'interface colorée et agréable rend l'ensemble sympathique. Soulignons tout de même que certains jobs ne sont là que pour offrir une semi-liberté de choix car en vérité, ce sont vers les métiers les plus traditionnels que le joueur se tournera volontiers. Enfin, Il faudra faire un choix cornélien une fois arrivé dans chaque ville : revendre les gemmes en surplus pour financer l'achat de meilleurs équipements, tout en conservant les joyaux les plus rares. Car de ce côté là, The 4 Heroes of Light ne fait pas de cadeaux. Aucun...

Vieille école jusqu'au bout. Matrix Software a eu la main lourde sur les handicaps infligés au joueur. Cela se ressent dès les premières heures : les combats sont difficiles, les attaques ciblent les ennemis aléatoirement, les magies de soutien aussi, les coffres sont très rares et l'inventaire restrictif. Il n'est en effet possible de porter que quinze objets par personnage. Une véritable torture. Là encore, c'est un casse-tête sans nom pour parvenir à faire tenir son arme, ses grimoires, ses accessoires et ses potions dans son sac-à-dos. Notamment quand on sait que les boss demandent de la patience et pas mal de boissons énergisantes. On meurt donc beaucoup, et fort heureusement ces échecs ne se soldent "que" par une perte de gemmes (les plus précieuses, évidemment).
Le mode multijoueur s'avère être une excellente alternative pour venir à bout de certains boss coriaces, ou pour tout simplement passer de bons moments avec trois de vos amis, eux même équipés d'une DS et d'une cartouche. Le fun, ça se paie, messieurs dames.

Les combats se déroulent au tour par tour et reposent sur un système d'AP facile à prendre en main, mais non sans défaut. Chaque membre de l'équipe dispose d'un stock de 5 points représenté par des billes de couleur jaune. Les actions les plus triviales (attaque physique ou utilisation d'objet par exemple) requièrent un point, alors que les magies en demanderont davantage. À la fin d'un tour, tout le monde récupère une bille. En cas de pénurie d'AP, la commande « Boost » vous prêtera main forte mais sacrifiera votre tour. Pour faciliter l'utilisation de commandes spéciales, chaque classe fait une promotion sur l'utilisation des techniques spéciales. Un mage noir dépensera 2 AP pour soigner un camarade, mais un seul pour brûler son adversaire. Du coup, une fois les faiblesses de l'ennemi repérées, les combats tournent en rond : magie, « Boost », attaque, magie, « Boost », objet. C'est dommage, car les combats sont nombreux et même obligatoires pour espérer progresser dans l'aventure sans se faire écraser.

Dégoût et des couleurs

Les équipes de Matrix n'ont plus vraiment à faire leurs preuves. Elles connaissent et maîtrisent parfaitement la DS, si bien que la 3D proposée dans toutes leurs réalisations est irréprochable. C'est le cas avec ce Final Fantasy, qui en plus d'être beau est très fluide. De plus, la direction artistique particulière est assumée jusqu'au bout, si bien qu'elle en rebutera sûrement plus d'un. Les personnages adoptent un style « chibi » bien adaptés des esquisses d'Akihiko Yoshida. Les décors sont aussi caractéristiques, car les textures font parfois usage d'un minimum de couleurs, saturées et pétillantes. C'est un hommage original fait à l'univers médiéval fantastique qui a inspiré cet épisode. D'ailleurs, si le rendu sur une Nintendo DS est excellent, il devient encore plus satisfaisant sur l'écran d'une DSi XL qui contrairement aux idées reçues adapte parfaitement la résolution des jeux à son grand écran.

Pour conclure, un mot sur la bande originale de Naoshi Mizuta arrangée par Mitsuto Suzuki, qui avait surpris la plupart des internautes lors de l'annonce en grande pompe du jeu en juillet 2009. C'est encore une fois un choix étonnant que celui de mettre en boîte des pistes en midi ne dépassant pas les 8 bits. Un hommage à la NES qui fait sourire à chaque nouvelle mélodie, s'accordant plutôt bien la réalisation visuelle, mais pas toujours très convainquant. Le travail des deux hommes sur Sigma Harmonics et Blood of Bahamut, jamais sortis du Japon, était par exemple plus poignant.

The 4 Heroes of Light a le même arrière-goût que le remake de Final Fantasy III : on s'enchante de pouvoir savourer des instants de nostalgie, puis on déchante rapidement en constatant la rigidité de l'ensemble. Mais derrière ce système un peu austère se cache un RPG de qualité, qui ravira les joueurs les plus robustes. Musiques 8 bits, combats à l'ancienne, textes en anglais, les barrières à l'entrée sont nombreuses, mais la réalisation graphique et l'ambiance générale du titre ne pourra que satisfaire le gamer acharné et mélancolique qui sommeille en vous. Et si vous avez apprécié, vous serez ravi d'apprendre que le producteur souhaite lui donner une suite, ou réaliser un projet dans la même veine. Les autres peuvent passer leur chemin sans regret.

14
Graphismes et musiques réussis
Mode multijoueur sympathique
Un véritable challenge...
... qui peut devenir frustrant
Scénario assez light
Combats répétitifs