Une affaire de famille
Alors que le quatrième épisode innovait en proposant un scénario découpé en plusieurs actes mettant en scène des protagonistes différents, Dragon Quest V repose, lui, sur une histoire de générations. Vous commencez l'aventure en assistant à la naissance d'un jeune garçon que vous incarnerez six ans plus tard aux côtés de son père, aventurier parcourant le monde afin de mener à bien une mystérieuse mission. Rapidement, vous vous rendrez compte que votre paternel n'est autre que le roi du pays. Et plus vite encore, vous vous retrouverez livré à vous-même, avec un objectif ultime : retrouver l'élu, le héros légendaire qui pourra restaurer la paix dans le monde grâce à l'épée Zénithienne. Ainsi, vous incarnerez votre personnage à différentes époques. Adulte, vos ambitions seront d'autant plus fortes, et les événements toujours plus poignants. Que ce soit la mort, la souffrance, un mariage ou même la naissance de votre propre enfant, tous les tournants scénaristiques prennent au tripes, et c'est bien la première fois que cela se produit dans cette série qui ne fait pourtant pas dans les longues tirades théâtrales. Vous rencontrerez un grand nombre de personnages, parfois assez creux, mais tous assez différents les uns des autres. D'ailleurs, les développeurs ont eu la bonne idée d'ajouter un personnage supplémentaire, Deborah, qui rejoindra Bianca (votre amie de toujours) et Flora (une héritière puissante) au casting des prétendantes à votre futur mariage. Sans vous dévoiler ne serait-ce qu'une bribe de son histoire, sachez qu'elle pourrait bien bouleverser le cours des événements. A vous maintenant de faire votre choix.
Comme expliqué plus haut, Dragon Quest n'a jamais fait dans les grandes explications scénaristiques. Là où la saga Final Fantasy se permet parfois de longues scènes narratives, la série d'Enix est un peu plus avare, et plus classique aussi. Ainsi le joueur n'est absolument pas accompagné dans son aventure. Il faudra dialoguer avec les nombreux villageois, aller ici et là... Les novices seront peut-être rebutés par cet aspect un peu particulier du soft, mais les autres prendront un malin plaisir à parcourir le monde et progresser dans cette épopée magnifique, à la fois sombre et teintée de légèreté.
La même chose en mieux
Vous le savez, c'est un studio externe à Square Enix qui est en charge du développement des remakes des trois épisodes de la saga Zénithienne de Dragon Quest. Pour ce cinquième épisode, ArtePiazza a repris le moteur graphique de L'épopée des Elus. Et il est agréable de voir que le résultat est assez proche de ce que nous avions pu voir avec précédent remake sur PlayStation 2. L'utilisation du double écran rend les environnements grandioses. Il est toujours possible de pivoter la caméra à grands coups de gâchettes latérales, permettant ainsi de découvrir des passages, des coffres, des personnages bien cachés dans les recoins. On se surprend même parfois à admirer les décors tant le rendu est incroyable. Bonne nouvelle également, les ralentissements qui pouvaient survenir dans l'épisode précédent ont été corrigés. Les sprites sont également un peu plus fins, et certaines animations en combat ont été retravaillées.
On retrouve Akira Toriyama au design des personnages. Evidemment, les détracteurs de l'artiste diront une fois de plus qu'il n'innove pas. Dragon Ball, Dragon Quest, Blue Dragon, si les noms se ressemblent, les personnages aussi. Mais c'est un style auquel on adhère ou pas. Les monstres eux aussi ont un arrière-goût de déjà vu. D'un côté, c'est l'une des caractéristiques de la saga que de proposer des éléments récurrents, que les japonais aiment retrouver régulièrement d'ailleurs (il faudra attendre Dragon Quest IX pour découvrir de nouvelles bestioles). Pourtant, vous trouverez dès le début du jeu un bestiaire un poil plus varié que d'habitude. Vous n'aurez donc pas seulement affaire à des Slimes dans vos premières heures de jeu. Soulagement.
C'est là encore une habitude à prendre : les musiques sont exceptionnelles. Encore une fois, Koichi Sugiyama nous livre des compositions somptueuses, collant parfaitement à l'ambiance bien épique du titre. Le rendu est assez bon sur les haut-parleurs de la Nintendo DS, mais on ne vous conseillera jamais trop de brancher vos écouteurs pour apprécier parfaitement les thèmes musicaux. Les bruitages, eux, conservent un aspect old-school, notamment pendant les phases de dialogues où cela devient assez vite strident.
Chasse aux monstres
Vous avez été déçu par le peu de nouveautés apportées par le quatrième épisode ? Avec La Fiancée céleste, vous serez servi. On retrouve évidemment le casino, où vous pourrez dépenser votre argent accumulé pendant les combats pour quelques partie de machines à sous, ou quelques mini-jeux plus ou moins amusants. Mais la véritable mini-quête de ce cinquième épisode est la chasse aux monstres. Contrairement à ce que trop de joueurs pensent, Pokémon, Digimon et Spectrobes n'ont rien inventé. Non ! C'est bien Enix qui, pour la première fois en 1992, a conçu un système mettant en scène des monstres à affronter, à dompter puis à entraîner. Le principe est assez simple : parfois après les combats, certains monstres vous proposeront de rejoindre votre caravane, et pourquoi pas vos rangs en combat. L'avantage, c'est que chaque monstre possède des caractéristiques et donc des attaques différentes. On regrettera quand même que la capture soit aussi aléatoire, et que de nombreux monstres soient bridés dans leurs statistiques. Ainsi, on intègre rarement plus de deux créatures dans l'équipe active, les personnages pouvant, eux, grimper jusqu'au niveau 99 (même si le levelling est toujours aussi fastidieux). De plus, il faut s'assurer que le seuil de sagesse de votre bestiole soit assez élevé pour être sûr qu'elle obéisse aux ordres. Compliquée cette affaire, mais tellement rafraîchissante !
Pour le reste, le déroulement est assez classique. Les combats aléatoires sont toujours au tour par tour et présentés en vue subjective. Si plusieurs monstres appartiennent à la même race, ils seront regroupés et vous aurez le choix de l'ennemi à attaquer. Dans le cas contraire, c'est votre personnage qui choisira lui même qui il affrontera dans le lot. Si seulement quatre personnages peuvent combattre, vous noterez qu'il est possible à tout moment, même en combat, de faire appel aux quatre autres protagonistes qui peuvent vous accompagner dans votre roulotte. Une option vraiment très pratique pour les affrontements les plus difficiles (nombreux le sont !).
Les villages sont toujours remplis de gens de bons conseils et de lieux utiles. Le pub pour apprendre les dernières nouvelles, l'auberge pour se reposer, les boutiques pour faire des emplettes, la banque pour conserver vos pièces d'or, l'église pour sauvegarder... Rien n'a vraiment changé depuis votre dernière aventure. Si, on trouve une nouvelle fonctionnalité essentielle, à savoir un vieil homme qui vous proposera dans certains villages de garder les monstres que vous ne voulez pas emmener dans votre chariot. Un système décidément très complet, qui fait la force de Dragon Quest V.
Difficile de présenter la totalité des possibilités et des qualités de Dragon Quest: La Fiancée céleste. Mais à n'en pas douter, cette nouvelle aventure se classe parmi les meilleures de la Nintendo DS à ce jour. Le scénario alternant entre passion, émotion et humour parvient parfaitement à tenir le joueur en haleine pendant une bonne cinquantaine d'heures. La conversion a été faite avec grand soin, et les petits reproches techniques faits à l'épisode précédent (notamment les ralentissements) ont été corrigés. Evidemment, un Dragon Quest reste un Dragon Quest, c'est à dire un jeu aux mécanismes très classiques, bien que la collecte de monstres soit un plus et que les combats se révèlent être très rapides. Un must-have enfin disponible en français, qui joue sur l'émotion et la passion, qui devrait satisfaire les petits et les grands, les novices et les experts.