Le syndrome du double-écran

Echoes of Time est le premier jeu de Square Enix à voir le jour à la fois sur Wii et Nintendo DS. Dans l'idée de proposer une véritable expérience multijoueur, le studio a mis au point un moteur, le Pollux Engine, permettant une compatibilité totale entre les deux versions, point sur lequel nous reviendrons plus loin dans ce test. Mais cette excellente initiative, bien plus raisonnable que l'investissement demandé pour le mode multijoueur du premier épisode sur GameCube, se révèle rapidement honteuse lorsque l'on insère le jeu dans sa console de salon. En effet, la version Wii n'est qu'une émulation du jeu DS, avec les mêmes graphismes, à peine lissés, et deux minuscules écrans placés côte à côte reprenant le double écran de la portable. Croyez-le ou pas, il est impossible de passer l'image en plein écran. Le confort de jeu n'est donc vraiment pas optimal et on aurait aimé que l'interface soit un minimum repensée. Soyons donc clair dès le début de cet article : la version Wii de Final Fantasy Crystal Chronicles: Echoes of Time ne mérite pas l'investissement de 50 euros. A moins que la superposition de vos Mii sur les visages des héros vous semble une priorité, évidemment.

Sur Nintendo DS, il faut dire que le travail est remarquable. Bien qu'identiques à Ring of Fates, les graphismes de ce nouvel épisode sont toujours surprenants. L'animation reste très fluide, et le double écran (qui est donc censé être la spécificité de la Nintendo DS) est bien utilisé. La gamme de couleurs utilisée est plus chatoyante, même si les personnages conservent un teint un peu particulier. Les cinématiques sont quant à elles en deçà de ce que nous avions pu voir l'année dernière, mais il faut croire que le développement sur les deux consoles a entraîné quelques contraintes techniques.

Maladie chronique

Le scénario de Final Fantasy Crystal Chronicles: Echoes of Time est un peu moins mis en avant que celui deRing of Fates. Néanmoins, il est agréable de constater que la série parvient à réutiliser les mêmes bases tout en proposant des alternatives scénaristiques un peu différentes. Cette fois-ci, nous nous retrouvons au cœur d'un petit village reculé que les habitants n'ont jamais quitté. C'est votre seizième anniversaire, et il est temps pour vous de passer à l'âge adulte en recevant la bénédiction du cristal avec une cérémonie protocolaire, événement majeur que les villageois attendent avec impatience. Mais de retour de la forêt, vous apprenez qu'une jeune fille de la tribu est atteinte de la maladie du cristal. Vous décidez alors d'aller à la rencontre de Larkeicus, un scientifique passant la plupart de son temps dans la bibliothèque du village voisin. Mais ce curieux personnage ne vous est pas inconnu, et ses recherches semblent liées aux effets néfastes du cristal qui, d'habitude, protège les populations environnantes.

Vous l'aurez compris, votre mission sera non seulement de soigner votre amie, mais également de comprendre les mystères qui planent autour du cristal et de ce vieil érudit. L'ambiance Crystal Chronicles est donc parfaitement respectée, et on retrouve avec plaisir les quatre races symboliques de ces spin-off, à savoir les Clavats, les Selkies, les Lilties et les Yukes. Les spécialités de chacun sont moins marquées que d'habitude, bien qu'il subsiste toujours les éternelles caractéristiques spéciales (l'agilité, la magie et le maniement des armes lourdes notamment).

Brainstorming permanent

Les Crystal Chronicles ne sont pas à proprement parler des Final Fantasy comme les autres. Ils sont une alternative davantage orientée action et réflexion. En parcourant différents environnements, assez variés, vous devrez résoudre de petites énigmes tout en abattant les quelques monstres jonchant votre route. Les énigmes en question se montrent assez simples en début de partie, mais nécessiteront pas mal de jugeote et d'habileté un peu plus tard. D'ailleurs, on regrettera que l'un des rares défauts de Ring of Fates n'ait pas été corrigé ici : la caméra n'est pas amovible, et il est parfois difficile de réaliser certaines actions demandant une précision toute particulière.

Pour parvenir à bout de ces quelques péripéties, vous devrez recruter des compagnons à la guilde des aventuriers du village. C'est d'ailleurs l'une des nouveautés de cet épisode, et pas la moins intéressante ! Après avoir défini votre héros (sexe et nom) vous aurez la possibilité de créer d'autres personnages, en choisir la race et le sexe, et de sélectionner les trois qui vous accompagneront le temps d'une ou plusieurs quêtes. Il est également possible de choisir, comme dans de nombreux RPG maintenant, l'attitude de ses compagnons lorsqu'ils sont gérés par l'intelligence artificielle, assez performante d'ailleurs. Le village est également l'endroit idéal pour se divertir entre deux missions : achats divers, échanges, rencontre de nouveaux NPC ou encore stand de grattage de cartes récoltées pendant l'aventure. Plein de nouvelles choses qui participent à l'animation de l'univers d'Echoes of Time. Evidemment, le gros point fort de cet épisode est la possibilité de jouer avec trois amis en Wi-Fi local ou online (enfin !) via le mode Nintendo Wi-Fi Connection en utilisant l'une des nombreuses pierres de sauvegarde. C'est fun, terriblement bien fait et vraiment amusant. On prend bien sûr plus de plaisir à jouer avec des humains, même à distance, qu'avec des personnages contrôlés par l'I.A.

De mieux en mieux

Si la ville accueille de nouveaux services, le gameplay lui aussi a été remanié. Echoes of Time reprend les commandes principales de Ring of Fates. On peut sauter, frapper, porter un monstre et même s'y agripper pour l'éliminer plus facilement. Il est désormais possible de plonger dans l'eau, action rendant le level design encore plus tortueux. Les déplacements sont quand même parfois un peu sensibles, et la maniabilité se révèle assez pénible lorsque les personnages se déplacent dans des endroits sinueux. Les chutes sont d'ailleurs monnaie courante. Vous vous souvenez peut-être de l'ingénieux système de magies du précédent volet qui fonctionnait avec les magilithes. En gros, en récoltant différentes sphères de couleurs, il était possible de faire tel ou tel sort, et même de les combiner pour obtenir des effets différents (une magie plus puissante ou différente). Avec six sorts de base, il est possible de faire de nombreuses combinaisons et obtenir des effets variés. Maintenant, les personnages disposent d'une barre de PM beaucoup plus pratique, car il n'est plus nécessaire de tuer des hordes d'ennemis pour obtenir le magilithe vert qui manquait à notre inventaire.

Pour terminer, parlons un peu de l'ambiance sonore du jeu. La plupart des dialogues profitent d'un doublage américain de qualité donnant beaucoup de personnalité à chaque protagoniste (plus que dans la version japonaise en tout cas). Musicalement, c'est un vrai plaisir pour les oreilles. Kumi Tanioka a une fois encore réussi à composer une bande-originale dépaysante où chaque musique utilise des associations d'instruments étonnants : guitare acoustique, percussions africaines, flûte de pan... Si vous aimez les OST sortant de l'ordinaire, n'hésitez pas à vous procurer celle d'Echoes of Time en cliquant ici.