Si ce chapitre de Final Fantasy XIII Episode Zero -Promise- est de loin le plus long à ce jour (et croyez-moi, on le sent passer à la traduction), c'est aussi et surtout celui dans lequel le titre de la nouvelle prend véritablement tout son sens. D'ailleurs, comme nous vous en parlions dans notre test de Final Fantasy XIII, l'ouvrage introduit diablement bien les personnages et leurs histoires. Il en va donc évidemment de même pour Vanille et Fang, qui sont au centre de cette partie, intitulée pour des raisons évidentes Stranger. Encore un fois, nous ne pouvons que vous encourager à le lire, que vous ayez fini le jeu ou non. Si ce n'est pas le cas, nous vous conseillons tout de même de vous limiter aux parties Encounter, Friends et Treasure, histoire de ne pas trop en apprendre sur le scénario du jeu.
Avant de commencer, l'UFF Site a mis la main hier sur les jaquettes européennes de Final Fantasy XIII (recto et verso, mais en anglais). Il n'y a pas grand chose à y apprendre, mais ceci satisfera certainement votre curiosité :
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Final Fantasy XIII Episode Zero -Promise- en français
Stranger - Chapitre 3
« Qu'est-ce... que c'est que ça ? »
« Tu crois que c'est... un festival ? »
Être entourées par les habitants de Cocoon ne leur semblait plus aussi surprenant qu'avant. Lorsque des groupes de personnes passaient près d'elles, elles n'étaient plus aussi tendues. Personne n'avait essayé de les attaquer, et personne ne les avait regardées bizarrement.
Au bord de la plage, elles avaient aperçu des filles qui portaient des vêtements similaires aux leurs se baigner dans l'océan. C'était un vrai soulagement pour elles. Apparemment, ces gens les avaient prises pour leurs semblables. Elles passaient donc inaperçues.
Il y avait tellement de monde. Bien plus qu'elles ne l'avaient imaginé. Surtout dans un endroit aussi étroit, entouré par une multitude de bâtiments. Vanille et Fang se tenaient au milieu de la foule, la bouche grande ouverte.
« Allez, allons-y maintenant. » dit Fang en secouant la tête. Vanille la suivit. Elles étaient toutes seules, immobiles au milieu du chemin, alors que les passants se déplaçaient à toute vitesse autour d'elles.
Elles finirent par réaliser que tous ces gens étaient là pour faire du shopping. Et en y regardant de plus près, elles se rendirent compte que ces bâtiments de chaque côté du chemin étaient tous, sans exception, des magasins.
« Il n'y a que des boutiques, ici ? »
Combien exactement y en avait-il ? Bien plus que Vanille n'en avait jamais vu. Il y en avait même qui étaient spécialisées dans les vêtements, de véritables explosions de couleurs. Pas étonnant que personne ne trouvait leurs habits étranges, avec une telle abondance de styles.
Il y avait beaucoup de boutiques différentes. Vanille en aperçut une qui vendait des accessoires, une autre des choses qui ressemblaient à du papier et des stylos, puis des meubles d'un côté, et de l'autre ce qu'elle pensait être des sortes de véhicules, tous alignés à l'extérieur.
Reportant son attention sur les gens, elle vit une fille choisir gaiement des habits. Là-bas, un petit enfant faisait la tête, peut-être pour pousser ses parents à lui acheter quelque chose. Un couple quittait une boutique de bijoux en riant. Tous ces gens avaient l'air heureux.
« Je ne me sens pas très bien... » Vanille était fatiguée, même si elles n'avaient pas beaucoup marché. Digérer tout ce qu'elle voyait ici, des deux côtés de la rue, l'avait assommée.
« Hé, Fang... » commença-t-elle. Fang avait une expression sinistre sur le visage. « Des voleurs... » chuchota-t-elle.
Vanille attrapa son bras avant qu'elle n'ait le temps d'agir. Elle comprenait ce que Fang ressentait, elle le comprenait mieux que personne. Elle ressentait la même chose. Mais elles étaient en plein territoire ennemi, et elles ne portaient que des petites armes dissimulées sur elles.
« Fang, tu ne peux pas.. »
« Je sais. Je sais, mais... » Elle serra les poings, essayant de canaliser sa colère. « On nous l'a volé, tout ça. Mais quand bien même, ils... »
Tout le monde savait que Cocoon était un repaire à démons. Les fal'Cie de Cocoon étaient venus sur Gran Pulse pour s'approprier tous les matériaux qu'ils pouvaient trouver. Une fois, ils avaient même pris une ville entière. Ils volaient des champs juste avant les récoltes, et arrachaient des métaux rares directement à la terre. C'était pour ça qu'elles pensaient que les habitants de Cocoon étaient leurs ennemis.
Mais après avoir vu ce couple de vieilles personnes hier, et tous ces gens qu'elles avaient croisés, elle avait se disait que c'était étrange. Et aujourd'hui, voir cette foule faire les magasins n'avait fait qu'accentuer ses doutes. Est-ce que ces personnes voulaient vraiment détruire Gran Pulse et tout leur prendre ?
Vanille commençait à penser qu'ils n'étaient pas si différents de ses propres semblables. Leurs habits étaient différents, leurs maisons étaient différents, le goût des leurs légumes et de leur viande était différent, mais peut-être qu'à l'intérieur, ils étaient finalement tous pareils.
« Aujourd'hui, on récolte des renseignements. Pas vrai ? » lui murmura-t-elle à l'oreille. Vanille ne voulait pas qu'elle fasse quelque chose d'imprudent.
« ... D'accord. » répondit Fang d'un ton sec. Vanille ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais elle entendit une voix les appeler.
« Hé, vous êtes toutes seules ? Vous faites les magasins ? Vous n'avez pas l'air d'être du coin. »
Fang se raidit au son de leurs voix. Elles se retournèrent pour se retrouver face à deux jeunes hommes qui souriaient de toutes leurs dents. Vanille les regarda avec méfiance. Leurs visages étaient ouverts et amicaux, mais ils étaient bien différents du couple qu'elles avaient rencontré hier. Ils essayaient sans doute de les prendre par surprise pour les capturer.
« Vous n'avez pas peur de nous, quand même ? »
« Ne vous inquiétez pas, on n'est pas des types bizarres. »
Leur expression et leur façon de bouger disaient le contraire. Ils devaient préparer un mauvais coup. Vanille fit un pas en arrière et Fang mis la main sur son arme, encore cachée.
« Hé, vous voulez aller boire un coup ? Ou peut-être qu'on pourrait aller manger un morceau ? »
À ces mots, Fang et Vanille se regardèrent. Ils ne pouvaient pas être des ennemis s'ils leur proposaient de s'asseoir ensemble pour partager un repas.
« Vraiment ? Vous voulez manger avec nous ? » Vanille n'imaginait pas qu'un ennemi puisse dire une telle chose.
« Il y a un restaurant vraiment chouette à deux pas d'ici. Venez, on va vous montrer. »
« Ouais, il est encore un peu tôt mais c'est bondé à l'heure du déjeuner. »
Vanille jeta un regard à Fang. Elle avait l'air un peu perdue, toujours sur ses gardes, prête à dégainer son arme à tout moment. Vanille secoua légèrement la tête pour faire comprendre à Fang de laisser tomber.
« Bon, d'accord. Allons manger. » Fang hocha la tête. Ils sourirent tous les deux. C'étaient de vrais sourires cette fois. Vanille se dit qu'elle n'avait peut-être qu'imaginé le fait qu'ils cachaient quelque chose.
Fang grimaça, comme à son habitude, mais elle ne pouvait pas leur dire non. Refuser de partager un repas avec quelqu'un revenait à lui déclarer la guerre. C'était trop dangereux de faire une telle chose face à tellement de gens, et elle risquait de mettre en péril ses chances de retrouver la mémoire.
Alors elles suivirent les deux hommes, sans dire un mot, jusqu'à ce restaurant otn ils leur avaient parlé.
« Alors, qu'est-ce que vous voulez manger ? » leur demanda l'un des deux, une fois qu'ils étaient assis à leur table. Comme c'est bizarre, se dit Vanille. Si ce sont eux qui nous invitent, pourquoi est-ce qu'on doit choisir ce qu'on va manger ? On est supposées manger ce qu'ils nous donnent. C'est toujours comme ça que ça se passe.
« Le menu est ici. » L'autre sourit en montrant le mur du doigt. Vanille était de plus en plus confuse. Mais qu'est-ce qu'ils veulent qu'on fasse ?
« Euh... »
Tout était écrit dans l'alphabet de Cocoon. Ce qu'elles devaient faire était sûrement expliqué ici. Mais malheureusement, ni Vanille ni Fang n'était capable de le lire.
Vanille tourna des yeux, essayant de demander à Fang ce qu'elles devaient faire. Fang hocha la tête et attrapa son arme.
« Pas ça ! » cria Vanille, l'arrêtant avant qu'il ne soit trop tard. Les deux hommes les dévisagèrent, intrigués.
« Euh... ce n'est rien. Vraiment, ce n'est rien. Ne vous inquiétez pas, c'est... » Elle se força à sourire. Heureusement, ils eurent l'air d'y croire.
« Si vous n'arrivez pas à vous décider, vous n'avez qu'à prendre le menu spécial. »
« D'accord ! On va prendre ça. » Vanille hocha la tête. Peu importe ce qu'elles devaient faire pour s'en sortir sans avoir l'air trop bizarres. L'un d'eux passa commande, et Vanille soupira, soulagée.
« Alors, vous êtes d'où ? »
Un problème résolu, voilà qu'un autre se présentait. Ce n'était pas une question à laquelle elles pouvaient répondre facilement. Elle n'avait qu'à sourire et essayer de les embobiner encore une fois.
« Ben... de loin. »
« Loin ? »
« Ouais, de très loin. » Vanille leur retourna la question avant qu'ils ne leur demandent le nom de leur ville.
« Et vous, vous êtes d'où ? »
« On vient d'Eden. C'est là-bas qu'on va à l'université. »
« Et-daine... Uni-vers Cité ? »
« Ouais... l'université d'Eden. »
Leur poser la même question n'avait pas l'air d'être la meilleure option. Vanille chuchota à l'oreille de Fang.
« T'as déjà entendu parlé d'Et-daine ? Ou de Uni-vers Cité ? »
« Ne demande pas ça à moi. »
« Ouais... »
Fang mit la main sur son front, comme pour réfléchir. Puis son visage s'illumina.
« Si Uni-vers est le nom de leur ville... alors peut-être qu'Et-daine est le nom de la montagne ou de la vallée où elle se trouve ? »
Vanille se tapa les genoux des deux mains. Bien sûr, ça doit être ça.
« Euh, excusez-moi... Quelque chose ne va pas ? »
Les deux hommes leur étaient complètement sortis de la tête. Ils n'avaient pas l'air d'avoir entendu de quoi elles parlaient, mais ils devaient les trouver très irrespectueuses.
« Pardon, ce n'est rien. Alors à quoi ressemble cette... Uni-vers Cité ? »
« L'université ? »
Vanille en savait pas pourquoi il l'avait simplement répété, mais elle fit oui de la tête. Ils commencèrent à parler de « Uni-vers Cité » avec excitation. Il était évident qu'ils étaient fiers de leur ville, et qu'ils l'aimaient beaucoup. Vanille se demanda si c'était un endroit où il était agréable de vivre, ou juste si ces deux-là en particulier avaient beaucoup de fierté pour leur pays natal. Peut-être les deux. Quoi qu'il en soit, ça voulait dire qu'elles n'avaient plus à parler d'elles. Même si elle comprenait à peine ce qu'ils leur disaient, elle écouta et hocha la tête en souriant.
« Désolée de vous avoir fait attendre. » dit la serveuse, les interrompant en plein milieu de leur histoire. Elle mit les couverts sur la table.
« Quoi ? Pourquoi la nourriture est déjà là ? » dit Vanille, surprise. Elle pensait que ça allait prendre beaucoup plus de temps. C'était pour ça qu'elle avait fait en sorte qu'ils parlent d'eux autant que possible.
« Comment ça, « pourquoi ? » » Il la regarda étrangement. Visiblement, elle n'aurait pas dû être aussi surprise.
« Ce... Ce n'est rien. Oh, regardez ! Tout a l'air tellement délicieux, j'ai tellement faim. » Elles firent alors une autre erreur. Se prendre par les mains pour dire les grâces était tout ce qu'il y avait de plus normal pour Fang et Vanille, mais les deux autres se contentèrent de les fixer.
« C'est quoi ? Une sorte de prière ? »
« Hein ? Ah, o-oui, c'est ça ! »
« Vous êtes tellement marrantes. »
« V-Vous pensez ? »
Tant qu'ils trouvaient qu'elles étaient drôles, il ne leur arriverait rien. Tant qu'ils ne commencent pas à se dire qu'on est bizarres, se dit Vanille. Elle prit une bouchée.
Ça n'avait pas beaucoup de goût, mais ce n'était pas mauvais non plus. C'était un vrai repas cette fois, pas comme ce qu'elles avaient mangé le jour d'avant. C'était de la nourriture que quelqu'un avait préparé, et elles devaient lui en être reconnaissantes. Même si ce n'était pas à leur goût.
« C'est le sel, ça ? J'espère que c'est pas du sucre, au moins. » dit Fang.
« Oh ! T'as raison, on a qu'à mettre du sel dessus. Passe-le moi... »
« Qu'est-ce que vous faites ? Vous pouvez pas en mettre autant ! »
Encore une erreur. Ça faisait combien, maintenant ? Elle avait envie de pleurer. Fang, puisqu'elle était Fang, n'avait pas l'air de s'en faire.
« Vraiment ? Je mange toujours comme ça. » Fang sala son plat et l'engloutit à toute vitesse. Les deux autres étaient bouche bée.
« Euh, ben... c'est juste... qu'elle aime beaucoup ce qui est salé ! »
C'était entièrement vrai. Fang adorait la nourriture salée. Mais apparemment, les habitants de Cocoon n'allaient pas aussi loin qu'elle.
« Ah, ouais. C'est quoi ça ? » Ignorant totalement leurs réactions sur ses goûts alimentaires, Fang pointa du doigt quelque chose par la fenêtre. On pouvait voir le haut d'un temple, d'où ils se trouvaient.
« Hein ? Oh, tu veux dire le Vestige de Pulse ? »
Il avait l'air soulagé d'avoir trouvé un autre sujet de conversation. Ni l'un ni l'autre ne regardèrent l'assiette de Fang à nouveau. Ils essayaient sûrement de ne pas penser à tout ce sel.
« Ouais, ça fait combien de temps que ce... « vestige » est là ? »
Ils la regardèrent bizarrement. C'était peut-être quelque chose que même les enfants de Cocoon savaient. La tombe qu'elles se creusaient elles-mêmes était de plus en plus profonde. Vanille essaya de s'excuser pour leur manque de culture.
« Ben... c'est juste que vous avez l'air intelligent. Ouais, je parie que vous êtes vraiment, vraiment malins. » Même si c'était le compliment le moins crédible qu'elle pouvait leur, ça valait le coup d'essayer. Même s'ils n'appréciaient pas, personne ne s'énervait pour un compliment. « Je me disais juste que vous savez peut-être plus de choses que nous. Que vous connaissez... plus de détails ? »
Leur air suspicieux s'envola de leur visage et ils commencèrent à parler d'un ton enjoué.
« Ben, selon une certaine théorie, il est là depuis 666 ans. Mais y'en a qui disent que ça fait 600 ans, et d'autres 650. »
Vanille ouvrit grand les yeux. Elles avaient envisagé que ça faisait quelque chose comme deux cent ans, mais découvrir la véritable durée était choquant.
« Mais les livres disent qu'« il y a plusieurs certaines d'années, après la Guerre des Révélations, le fal'Cie l'a amené ici depuis Pulse ». Bien sûr, la théorie qui dit que c'était il y a 666 ans est plutôt populaire, mais il n'y a pas de véritable preuve. Il y aura toujours des opinions différentes. »
Plusieurs centaines d'années, 666 ans... ces mots se répercutaient dans son esprit. Elle n'avait rien retenu d'autre.
« Alors ce... vestige, là. Est-ce que ceux qui habitaient sur Pulse ont eu des problèmes quand il leur a été pris ? »
Les deux hommes se regardèrent. Vanille eut peur d'avoir dit quelque chose de mal à nouveau. Mais non, cette fois-ci, ils rirent.
« Des problèmes ? Vous plaisantez ? Ce n'est pas comme s'il y avait des gens sur Pulse. »
« Il... n'y en a pas ? » Même Fang était sous le choc.
« Pulse, c'est l'enfer, personne ne peut vivre là-bas. Tout le monde le sait. Vous n'écoutez pas en classe, ou quoi ? » Il ne faisait que se moquer d'elles, mais ces mots lui restèrent en travers de la gorge. Elle savait qu'elle devait dire quelque pour qu'ils ne se méfient pas d'elles à nouveau, mais elle arriva juste à rire faiblement.
« Ben, on dit qu'il y a des barbares qui ne sont pas mieux que des animaux, mais... »
« Des barbares... »
« Ouais. Ils peuvent à peine parler, et ils portent des peaux de bêtes. Pendant la Guerre des Révélations, le fal'Cie a essayé de les faire travailler, mais on dit qu'ils étaient bons à rien. »
Vanille vit rouge. Ces « barbares bon à rien » étaient ses semblables.
« Comme il n'y a qu'eux qui vivent là-bas, peu importe si on leur prend des choses, non ? Puisqu'on les utilise convenablement ici, ils devraient plutôt nous remercier. »
Elle avait entendu parler d'une ville qui avait dû vivre dans la pauvreté après que leurs champs avaient été arrachés à leurs terres, juste avant les récoltes. Leur chemin de fer avait été fermé, ils ne pouvaient plus récupérer ni nourriture ni essence, et ils étaient tous morts de froid. Les remercier ? Il dit qu'ils devraient les remercier ?
Ils ne savent rien, pensa Vanille. Ils n'ont pas à se salir les mains, ils ne réalisent même pas l'horreur des choses qu'ils font, ils profitent juste de ce que leurs fal'Cie nous ont pris.
Ses mains tremblaient de rage. Elle ne pensait plus qu'à casser l'assiette qu'elle avait devant elle. Si elle se retenait, ce n'était pas parce qu'elle arrivait à se contrôler. Elle attendait juste que Fang réagisse, elle saurait quoi faire.
« Il faut que je vous parle dehors, juste une minute. » Fang arrêta de manger et se leva.
« Quoi ? Mais on est en train de déjeuner... »
« Ça ne fait rien. Venez avec moi. Maintenant. » La voix de Fang était calme. Elle avait un léger sourire sur les lèvres. Ce n'était pas un vrai sourire, mais ils y crurent. Vanille, elle, en était consciente, mais resta silencieuse.
L'intelligence ne devait pas être l'une de leurs plus grandes qualités. Quand Fang leur avait dit de sortir de table en plein milieu d'un déjeuner, ils auraient dû se douter de ce qui allait se passer. Ils auraient dû savoir qu'ils allaient se battre. C'était la fin d'une trêve, une déclaration de guerre. Ou peut-être que c'était quelque chose que les habitants de Cocoon ne comprenaient pas.
Mais ils les suivirent calmement, alors ils ne pouvaient pas être très intelligents. Même quand elles les amenèrent dans un endroit à l'abri des regards indiscrets, ils ne s'étaient pas méfiés une seule seconde.
Il suffit que Fang leur colle deux ou trois coups de poings pour les mettre KO. Pathétiques, comme l'oiseau et les poissons d'hier.
« Tellement désolée d'être une barbare. C'est la dernière chose que j'avais besoin d'entendre de la bouche de bâtards comme vous. Vous êtes pires que des vers de terre. »
Évidemment, ils ne pouvaient pas écouter un seul mot de ce qu'elle disait. C'était sûrement mieux comme ça. Fang leur asséna des coups de pieds quelques instants, avant de penser à quelque chose et de s'agenouiller.
« Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Leurs affaires... » murmura Fang en examinant leurs vêtements.
« Oh ! »
Elles allaient peut-être trouver quelque chose. Elles pourraient utiliser une arme à leur avantage. Vanille décida de faire de même et se pencha sur l'autre.
« C'est étrange... »
« Quoi donc ? »
« Il n'a pas d'argent sur lui. Et l'autre ? »
« Voyons... Non, rien. » En fait, il n'avait pas grand chose. Ils n'avaient pas de sac non plus.
« Alors comment ils ont payé, au restaurant ? »
Juste avant de partir, l'un d'eux étaient allé voir le caissier pour payer. S'il n'avait pas d'argent sur lui, comment avait-il fait ? Vanille le retourna et chercha dans les poches de son pantalon.
« C'est quoi, ça ? » dit Vanille en retirant une petite carte de la taille de sa main. Elle semblait être faite de métal. Elle était d'un gris clair, avec un rond noir au centre.
« Regarde ça, Fang. Est-ce que c'est... une sorte de carte ? »
« Lui aussi en a une. »
Je me demande à quoi ça leur sert, pensa Vanille en appuyant sur le rond noir. La partie grise s'illumina.
« Ahhhh, non ! Qu'est-ce que c'est en train de faire ? » Surprise, Vanille jeta la carte au loin. Elle s'agenouilla, les yeux rivés dessus, et vit la carte devenir entièrement transparente. Elle se demanda quelle sorte d'appareil ce pouvait bien être. Comment une carte aussi petites pouvait faire une telle chose ? Il n'y avait pas de fils, absolument rien qui laissait entrevoir un quelconque mécanisme.
Vanille continua de fixer la carte alors qu'une image en trois dimensions se formait. C'était le visage d'une personne.
« C'est... »
« Pour identifier le possesseur de la carte. »
Vanille la ramassa et essaya de réappuyer sur le cercle noir. Mais ça ne changea rien. Elle appuya un peu partout, mais rien ne se produisit.
« Je pense que seul le possesseur peut l'utiliser. Ça ne fera sûrement rien d'autre. »
Fang hocha la tête et examina l'autre carte pour voir si elles pouvaient en tirer quelque chose. Elle leva soudainement les yeux, surprise.
Des battements d'ailes se firent entendre. Une oiseau noir, bien plus grand et dangereux que celui d'hier, descendait en piqué sur elles. Même si c'était bien un oiseau, ses yeux ne se trouvaient pas de chaque côté de sa tête. Il avait presque l'air humain.
Il s'envola aussi soudainement qu'il était arrivé. Dans l'ombre de ses ailes, elles pouvaient distinguer ses griffes acérées de chasseur. Il n'avait pas l'air de vouloir attaquer, et tourna en rond au-dessus de leurs têtes avant disparaître dans le ciel.
« Est-ce que cet oiseau a vu ce qu'on était en train de faire ? Il avait l'air tellement bizarre... »
« Bien sûr que non, comment aurait-il pu... ? »
« Oui, tu as raison... »
Vanille pensait qu'elle était juste nerveuse parce qu'elles étaient allées aussi loin en territoire ennemi.
« Ouais, oublie ça. »
Fang tenait toujours la carte à la main. Elle appuya sur le cercle noir, et elle s'illumina encore plus qu'avant. Il y eut un bref craquement électrique, puis la lumière s'éteignit.
« Tu l'as cassée !? »
« Probablement. » Fang claqua la langue et appuya encore plus fort sur le rond noir. La carte s'alluma à nouveau et devint transparente.
« Oh, bien ! Elle est pas cassée, en fait. » dit Vanille, soulagée. Elle se pencha pour mieux la voir. Si l'autre carte avait montré le visage de son propriétaire, celle-ci ne fit rien de tel. L'endroit où il était censé se trouver restait vide. Comme si le propriétaire avait été effacé.
« Oh, peut-être qu'elle ne marche plus correctement ? »
« Peut-être. » Fang mit le doigt sur la partie noire à nouveau. L'écran changea et des mots apparurent. Malheureusement, ils étaient écrits dans l'alphabet de Cocoon, qu'aucune des deux ne pouvait lire.
« Tu penses qu'on pourrait l'utiliser, maintenant ? »
Elles avaient écrasé les renseignements du propriétaire original, mais elles ne pouvaient pas savoir ce qui se passerait si elles l'utilisaient elles-mêmes. Elles avaient eu de la chance d'être arrivées aussi loin.
« Probablement. Mais qu'est-ce qu'on en ferait ? »
« Je ne sais pas... » Vanille leva les mains, avouant son ignorance. Il y eut un son. Des voix ! Qui se rapprochaient rapidement. Elles se relevèrent sans un bruit et se mirent à courir.
« Ils sont vraiment nos ennemis... » chuchota Vanille.
« T'as dit quelque chose ? »
« Non, rien. » Son cur était lourd, mais elle se força à sourire. Pour le moment, elle devait courir. Mais il y avait tellement de choses que Vanille aurait voulu pouvoir oublier...
De retour au temple, tout n'était pas exactement comme elle l'avaient laissé. Quelqu'un avait utilisé l'ascenseur. Un intrus.
« Quelqu'un de Cocoon est ici. » murmura Fang en prenant sa lance. Elles tendirent l'oreille, mais tout était silencieux. Vanille leva les yeux au plafond.
À l'origine, ce temple était conçu pour tester ceux qui deviendraient des l'Cie. Dans ses profondeurs, ils devaient faire face au fal'Cie Anima pour être évalués... et choisis. Ceux qui avaient de mauvaises pensées et ceux qui n'étaient pas à la hauteur ne pouvaient pas ouvrir le portail sacré. C'était écrit dans les enseignements des prêtres.
« Fais attention à toi. »
« Je sais. » Elles se regardèrent et acquiescèrent, et continuèrent leur chemin. En montant les escaliers, elles essayèrent de ne pas faire de bruit et restèrent à l'affût d'un signe de l'intrus. Elles atteignirent rapidement la première porte. Si c'était un habitant de Cocoon, il n'aurait pas pu l'ouvrir et serait toujours là, sans but, devant elle.
« Ben, on dit qu'il y a des barbares qui ne sont pas mieux que des animaux, mais... »
Voilà ce que pensaient les habitants de Cocoon d'eux. Des gens qui ne pourraient jamais ouvrir cette porte. Ils n'étaient même pas dignes de poser le pied à l'intérieur du temple.
Mais il n'y avait personne devant la porte. L'intrus avait dû l'ouvrir et continuer son chemin.
« Mais ce n'est pas... » Vanille ne trouvait plus ses mots. Il y avait bien des indices qui montraient que quelqu'un était passé par là, mais elles n'avaient pas le temps de s'arrêter pour réfléchir à la situation. L'intrus était peut-être près du centre, elles devaient se dépêcher.
Leurs bruits de pas ne les préoccupaient plus. Elles foncèrent en haut des marches, puis dans l'ascenseur. Mais il n'y avait personne à la porte suivante, ni celle d'après. Ce devait être la preuve que l'intrus n'était pas mauvais, mais comment était-ce possible ? La seule explication envisageable, c'était que les habitants de Cocoon avaient trouvé un moyen de tromper les portes sacrées.
« Dites moi que c'est pas vrai... »
Elles avaient atteint les profondeurs du temple. Dans la pièce devant elle se trouvait le fal'Cie. Même elles n'y avaient été qu'une seule fois. Ce n'était pas un endroit dans lequel on pouvait aller et venir librement.
La porte s'ouvrit, et ils trouvèrent l'intrus allongé sur le sol. Inconsciente. C'était une fille.
« Elle a dû se perdre. » Fang baissa sa lance. La fille avait l'air d'avoir le même âge que Vanille, et ne portait pas d'armes. « Elle est toute seule. » Fang l'examina d'un regard froid. Vanille savait ce qu'elle se disait. Elle se demandait si elles devaient la tuer ou non, pour qu'elle ne parle à personne de ce qu'elle avait vu ici. Si elles la laissaient vivre, elle amènerait sûrement d'autres personnes ici. Vanille la regarda de plus près, quand...
« Attends ! » Elle s'agenouilla à côté de la fille et attrapa son bras. « Regarde ! Cette marque... »
C'était exactement la même que la leur.
« Elle est devenue une... l'Cie. »
Elle portait la marque d'un l'Cie choisi par le fal'Cie Anima, celui qui assignait les Tâches.
« Pourquoi... » La voix de Fang était tremblante. « Pourquoi avez-vous choisi quelqu'un de Cocoon ? » Elle laissa tomber sa lance, et le son se répercuta à travers la chambre. « Pourquoi le fal'Cie ferait une telle chose ? »
Il n'y avait pas de réponse. Les fal'Cie n'étaient pas des êtres qui pouvaient être remis en question par les humains.
« Comment peut-elle être un l'Cie de Gran Pulse ? Ça veut dire qu'on est comme eux ? »
« Mais c'est une habitante de Cocoon. Elle ne peut pas avoir de Tâche... »
Une Tâche. Quand Vanille prononça ce mot, Fang toucha son bras. Sous sa main, Vanille pouvait voir sa marque de l'Cie, blanche et brûlée, qui n'avait plus sa forme originelle. Fang avait perdu la mémoire, elle ne pouvait même plus se souvenir de sa propre Tâche. Oh, pensa Vanille, alors c'est pour ça. Elle savait pourquoi le fal'Cie avait choisi un nouveau l'Cie.
« Bien... sortons-la d'ici, au moins. » Fang souleva la fille. Elle prit soin de ne pas croiser le regard de Vanille, mais cette dernière savait qu'elles pensaient à la même chose.
Fang quitta la pièce. Vanille ramassa sa lance et la suivit. Elle jeta un regard au fal'Cie Anima, mais il resta silencieux.
À l'extérieur du temple, elles allongèrent la jeune fille à même le sol. Mais elle ne se réveillait toujours pas.
« Elle est notre remplaçante... »
Bien entendu, Fang le savait. Elle le savait depuis la seconde où elle avait vu la marque de la ville. Elle tournait la tête, mais Vanille pouvait voir qu'elle était triste.
« On est des l'Cie pathétiques, pas vrai ? On ne se souvient même pas de notre Tâche. Alors le fal'Cie a choisi quelqu'un d'autre. »
Ce n'est pas la seule raison, se dit Vanille au plus profond d'elle-même. C'est de ma faute. Tout est de ma faute, parce que... j'ai fui. Le fal'Cie a vu clair dans mon jeu. C'est à cause de moi que cette fille a été mêlée à nos problèmes.
Les paupières de la fille remuèrent. Elle était sur le point de se réveiller. Elles ne devaient pas la laisser les voir, alors elles se cachèrent dans les ombres du temple pour l'observer.
Elle s'assit, mit sa tête entre ses genoux et resta immobile un moment. Elle devait être complètement étourdie. Elle n'avait pas encore vu la marque sur son bras. Enfin, elle s'appuya sur le mur du temple pour se relever. Ses yeux s'arrêtèrent sur son bras. Elle avait vu la marque. Elle la frotta, comme si elle essayait de la faire disparaître.
« Elle ne sait pas ce qu'est un l'Cie ? Non... il y a des fal'Cie sur Cocoon. »
« Peut-être qu'elle ne s'en est pas rendue compte parce que la forme est différente ? »
Mais alors, que devraient-elles faire ? Si elle ne réalisait même pas qu'elle devait trouver sa Tâche, elle se transformerait en Cie'th. Mais elles ne pourraient rien lui expliquer si elles ne lui disaient pas qui elles étaient vraiment.
« On dirait qu'elle le sait... »
Elle s'effondra soudainement. Elles l'entendaient hurler que c'était juste quelque chose que quelqu'un avait dessiné sur son bras. Même de là où elles se trouvaient, Vanille et Fang pouvaient voir la marque évoluer. La peur de la fille l'avait affectée.
Elle devait le savoir, maintenant. Qu'elle avait été choisie par le fal'Cie de Gran Pulse... non, de « l'enfer peuplé par des barbares ».
La fille pleurait. Elles voyaient ses frêles épaules trembler. Elle finit par se relever et faire quelques pas hésitants. Elle avait si petite, si triste.
C'était quelque chose qu'elles ne pourraient jamais effacer. Cette fille n'avait rien à voir dans toute cette histoire, mais elle s'était trouvée embarquée seulement parce qu'elle était au mauvais endroit au mauvais moment.
« Ne fais pas cette tête. »
« Mais... »
Une fois devenu un l'Cie, il n'y avait pas de retour en arrière. Son destin avait été changé pour toujours. Et tout était de leur faute.
« La seule chose qu'on peut faire, c'est trouver notre Tâche et la compléter. En venir à bout pour de bon. Pour qu'on puisse retourner sur Gran Pulse. »
Si cette fille était censée être leur remplaçante, alors leur Tâche devait être la même. Si elles la menaient à bien, alors elle ne se transformerait pas en Cie'th. C'était ce que Fang devait se dire. Mais même si elles complétaient leur Tâche, cette fille... Vanille s'arrêta. La vérité était trop cruelle.
« Fang, on laisse tomber notre Tâche. »
La marque de Fang était morte. Même si elle ne complétait pas sa Tâche, elle ne deviendrait peut-être pas un Cie'th. Si c'était vrai, alors elle n'avaient plus à s'en soucier.
« Non, on ne le fera pas. » Elle tapa la jambe de Vanille. « Ta marque est toujours là. Si on ne respecte pas notre Tâche, tu te transformeras en Cie'th. »
« C'est pas grave, je... »
« C'est toi qui a dit qu'on serait toujours ensemble, pour toujours ! » Elle prit le visage de Vanille dans ses mains.
« On sera toujours ensemble... »
« Oui. »
« Et on ira à la maison ensemble... »
« C'est ce qu'on s'est promis, tu te rappelles ? »
Vanille prit les mains de Fang dans les siennes et hocha la tête.
« Non, tu as raison... Je... »
Elles se l'étaient promis il y a bien longtemps. Que tout irait bien tant qu'elles seraient ensemble. Qu'on ne les séparerait jamais. C'était une promesse qu'elles ne briseraient jamais.
Traduction anglaise originale par Lissar