Il était l'une des trois personnalités à la tête de la série Dragon Quest, aux côtés de Yûji Horii et Akira Toriyama, Kôichi Sugiyama est décédé le 30 septembre à l'âge de 90 ans, comme l'annonce ce matin le blog officiel de la série. Sans aucun doute, son talent et les quelques 500 mélodies auront largement contribué au succès de la saga, qui introduisait chaque épisode par une « Overture » épique, plongeant immédiatement les joueurs dans l'univers médiéval fantastique qui caractérise si bien Dragon Quest. L'homme orchestre était officiellement reconnu par le Guinness World Records comme le plus vieux compositeur de musiques de jeu vidéo encore en activité. Ces dernières années, Kôichi Sugiyama se faisait naturellement plus discret et moins inspiré, ce que cristallise parfaitement le thème d'exploration de Dragon Quest XI, minimaliste et répétitif, comme je le soulignais dans ma critique. Dragon Quest XI, tant dans sa forme comme dans son fond, semblait déjà à sa sortie être le dernier épisode avant une nouvelle ère. S'il est naturel de laisser la place aux jeunes, la disparition de Kôichi Sugiyama est un marqueur important qui fera date dans l'histoire du jeu vidéo japonais. Nous ne savons pas si Dragon Quest XII: The Flames of Fate, prochain volet de la série en cours de développement, sera finalement porté par plusieurs de ses mélodies inédites. Adressons, bien sûr, de sincères condoléances à sa famille, ses proches et ses collaborateurs.

Difficile, néanmoins, de ne pas signer un hommage sincère à Kôichi Sugiyama sans rappeler que le compositeur était également tristement connu pour ses prises de positions négationnistes, notamment concernant les événements historiques survenus au cours de la Seconde Guerre Mondiale. À plusieurs occasions, et particulièrement dans une tribune titrée « The Facts » et parue dans le Washington Post, Sugiyama niait ouvertement l'implication du Japon dans le massacre de Nankin. Sur le plan politique, Kôichi Sugiyama s'était également révélé très critique envers la communauté LGBTQ+ en 2015, à l'occasion d'une émission télévisée. Propos homophobes que Square Enix avait finalement dû commenter, déclarant que « les opinions d'un homme ne reflétaient pas celles de la société ».