« En réchapperez-vous un jour ? ». Ces quelques mots qui clôturaient la publicité de Final Fantasy VIII diffusée en boucle à la télévision en octobre 1999 m'ont marqué au fer rouge, à tel point qu'aujourd'hui encore, Final Fantasy fait partie de mon quotidien. Pourtant, j'ai toujours eu une relation particulière avec ce huitième épisode que je désirais plus que tout à sa sortie, mais que je n'ai découvert que quelques années plus tard grâce à l'exemplaire dangereusement rayé d'un ami de l'époque. Une fois lancé, c'est la douche froide : l'univers me plaît, mais son système de magies et d'associations, bien différent de celui de Final Fantasy VII, me laisse dubitatif. C'est avec un peu d'amertume que je boucle l'aventure. Vingt ans plus tard, Final Fantasy VIII Remastered est une nouvelle occasion en or pour remettre les compteurs à zéro.
Look de rentrée
À l'image de son petit frère Final Fantasy IX, Final Fantasy VIII Remastered entame l'année scolaire 2019 avec un nouvel habit tricoté par deux studios partenaires de choix : les Français de Dotemu et les Japonais d'Access Games Inc. Il faut admettre, sans renier les qualités artistiques intemporelles du jeu, qu'un petit coup de pinceau était vraiment nécessaire pour rendre sa superbe au best looking guy. La remasterisation des décors étant naturellement impossible sans entamer un travail de refonte qui tiendrait du remake, seuls les modèles 3D ont été remplacés pour un résultat bluffant, beaucoup plus fidèle aux illustrations conceptuelles que ne l'étaient les bouillies de pixels affichées par la PlayStation. Cette nouvelle direction artistique affine surtout la cohérence générale du jeu, notamment l'harmonie du look des personnages entre les cinématiques et les phases de gameplay. Aujourd'hui encore, les séquences cultes de CG interactives — une dinguerie à l'époque — font mouche. Les PNJ, le bestiaire et les invocations profitent aussi de polygones moins anguleux et de textures beaucoup plus fines qui permettent d'améliorer la lisibilité : on redécouvre certains détails, des motifs, des visages, des intentions de chara-design qui n'étaient pas perceptibles en 1999.
Conséquence inévitable de cette semi-refonte, les arrière-plans d'époque ont été légèrement floutés pour atténuer leur pixellisation grossière sur les résolutions actuelles, y compris certains personnages qui étaient en fait intégrés au décor, dans la BGU notamment. C'est décevant, tout comme l'affichage en 4:3 et le framerate à 15 images par seconde dans les combats qui semble faire la nique aux moddeurs PC qui n'ont pourtant cessé de proposer des améliorations de confort ces dernières années. Pour toutes ces raisons, Final Fantasy VIII Remastered trouve particulièrement sa place sur Switch, en mode nomade, et non pas sur un écran 4K où les petites imperfections sont plus perceptibles et où la compression des cinématiques peut fâcher.
Tricher n'est pas jouer
Sans surprise, cette édition Remastered s'accompagne d'options d'accessibilité, un doux euphémisme pour ne pas dire qu'il est désormais possible de rouler sur les boss avec le mode « Battle Assist » qui maintient la jauge ATB et les PV de tous les personnages au max tout en activant leur Limit Break. Une hérésie. Une autre commande « No Encounters » supprime les rencontres aléatoires, ce qui est déjà plus utile sur la carte du monde ou lors des quelques aller-retours qu'impose l'aventure. Mais le véritable salut vient du mode rapide qui avait déjà fait des miracles sur Final Fantasy XII: The Zodiac Age et qui change radicalement le déroulement de l'aventure et plus particulièrement des combats, sauf si vous êtes un fanatique des G-Forces dont les longues animations retiendront votre attention pour marteller la manette et activer le compétence Turbo. Quoi, vous aviez déjà oublié ces heures passées à tripoter "Carré" ?
Final Fantasy VIII étant un jeu à système dans la pure tradition des RPG japonais, la commande x3 est du pain béni pour qui voudrait rapidement faire ses stocks de magies et saper l'équilibrage des combats en boostant ses personnages dès les premières heures. Entre les nombreuses subtilités mécaniques (pas toujours rendue évidente par la VF d'époque) et le scénario explosif, toutes les raisons sont bonnes pour mordre une fois de plus dans cette madeleine généreuse à la recette imparfaite mais authentique, servie avec une bande-originale qui aujourd'hui encore fait courber l'échine.
Difficile de ne pas céder aux sirènes de la nostalgie avec cette nouvelle version dont les nouveaux modèles 3D et le mode rapide sont deux arguments de poids pour qui n'aurait pas remis les pieds à Balamb depuis une dizaine d'années. Traité avec le même soin que FFIX un peu plus tôt, Final Fantasy VIII Remastered s'offre une petite cure de jouvence certes un peu fainéante mais suffisante pour repasser à la caisse (19,99 € tout de même). Car s'il y a bien une chose que cette aventure m'a appris ces derniers jours, c'est que tout le monde a droit à une seconde chance.