I Am Setsuna

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Le 25 juin 2016 à 17:17 par Bastien 0 commentaire
Artwork de I Am Setsuna

Une saison s'est écoulée depuis l'annonce par Square Enix de la création d'un nouveau studio, la Tokyo RPG Factory, dont la modeste équipe ne cache pas son désir de faire honneur à l'âge d'or du RPG sur console. Disponible depuis février au Japon, leur première production I Am Setsuna s'invitera sur le sol occidental en juillet, sans boite, sur PC et PlayStation 4, des supports jugés plus adaptés au marché. En présentant pour la première fois à l'E3 la version anglaise de cette aventure mélancolique, l'équipe compte bien raviver quelques bons souvenirs aux joueurs de toute une génération qui a vu les RPG se dynamiser au fil des années. Mais cet hommage à peine déguisé à Chrono Trigger trouve-t-il vraiment sa place en 2016 ?

Longues tirades et tour par tour : aucun doute, I Am Setsuna sonne comme un hommage aux années 90.

Winter is coming

Tous les dix ans, pour maintenir la paix sur cette île où l'hiver semble interminable, les habitants offrent aux démons un sacrifice. De la chair fraîche pour une dose de paix, c'est le deal. Cette année, c'est la belle et timide Setsuna qui semble promise à ce triste rituel. La jeune femme fera très vite la rencontre d'Endir, un mercenaire amnésique venu l'abattre de sang froid. Comprenant que Setsuna est promise à un funeste destin, il promet de l'accompagner et de la protéger au cours de son voyage. L'introduction d'I Am Sestuna a le mérite de prendre le temps de présenter le socle scénaristique de l'aventure sans jeter le joueur dans un univers incompréhensible, quitte à remplir bien vite le bingo des poncifs du genre. Comme dans un certain Bravely Default, les conversations s'éternisent parfois, sûrement pour compenser l'absence de véritables cinématiques et transmettre les émotions par les lignes de dialogues. À l'heure où la tendance est à l'action à outrance, il faut admettre que le contraste est surprenant. De là à prétendre que ces discussions à rallonge gonflent généreusement la durée de vie du jeu, il n'y a qu'un pas.

S'il n'étonne pas par son classicisme exacerbé, le premier effort de la Tokyo RPG Factory a le mérite de flirter avec une direction artistique qui ravive à merveille la nostalgie que les créateurs affectionnent par dessus tout. La patte graphique, que l'on doit notamment à toi8, dévoile toute sa splendeur lorsque les illustrations des personnages ornent l'écran, durant les dialogues comme pendant les combats. Certains pesteront probablement sur sa réalisation graphique sommaire, mais n'oublions pas qu'I Am Setsuna est également sorti, au Japon, sur PlayStation Vita. Sa 3D sommaire ne jure pas sur grand écran, au contraire, elle transpire la modestie d'une équipe composée en partie d'artistes indépendants, et qui n'a pas surestimé ses compétences. Les amateurs de piano apprécieront enfin les mélodies composées par Tomoki Miyoshi, d'une justesse implacable.

J'ai le sentiment que les systèmes de jeu des anciens RPG ne sont pas nécessairement désuets et qu'une partie des joueurs est à la recherche de ce genre d'aventures.

Atsushi Hashimoto, réalisateur
I Am Setsuna

Un temps pour tout

Bien qu'elle présente le tout début de l'aventure, la démo jouable de l'E3 propose au joueur de découvrir progressivement le système de combat, assez classique lui aussi. En introduisant progressivement quelques personnages supplémentaires, le scénario envoie un signe clair : c'est avec quatre héros dans l'équipe que les affrontements prennent toute leur saveur. Et pour cause, I Am Setsuna se présente comme un vibrant hommage à Chrono Trigger sans ses mécaniques de gameplay, mêlant jauge Active Time Battle vraiment active — où le temps ne s'arrête pas pour l'ennemi quand vous choisissez vos actions —, attaques de zone, techniques à plusieurs, avec une bonne dose de rythme. En effet, le jeu introduit le système Momentum, une seconde jauge qui se manifeste une fois l'ATB remplie. Plutôt que d'effectuer une action rapidement, certaines situations — contre les boss par exemple — vous inviteront plutôt à patienter pour encaisser des SP et ajouter des effets supplémentaires à vos prochaines attaques en appuyant sur la touche Carré selon un timing plutôt conciliant. Les attaques combinées telles que Cyclone et X-Strike se montrent très efficace, mais la prudence est toujours de mise : si un coéquipier est sur le chemin de votre glaive, il en subira également les conséquences. Cette gestion du positionnement de chacun, malgré l'absence parfois injuste de déplacements libres, apporte un brin de stratégie bienvenue. Cependant, les HP des trois combattants, dont les classes sont prédéterminées, n'ont jamais eu l'occasion d'être inquiétés au cours de ce prologue. 

Cette heure dans la neige propose toutefois quelques combats de boss offrant un soupçon de challenge supplémentaire. Rien d'insurmontable : on sent que les développeurs ont tout mis en œuvre pour séduire le plus large public possible. Reste à savoir si ce grand public sera client d'un petit RPG sans prétention, sans traduction française, proposé au prix de 40 euros.

À la question « faut-il attendre I Am Setsuna ? », il est bien difficile d'apporter une réponse. Il est certain que les joueurs pour qui la série Bravely Default cristallise toutes leurs attentes sauront apprécier le rythme, la simplicité et les mécaniques qu'offre le premier titre du studio. Les autres attendront peut-être une baisse de prix — quel audace de le distribuer à 40 euros ! — et une période moins chargée. Car cela ne vous aura pas échappé, en matière de RPG, 2016 est déjà bien remplie ! Il faudra faire des choix.