On ne l'avait pas vu venir ! Quelques mois seulement après la sortie de Voice of Cards: The Isle Dragon Roars, Square Enix dévoile et publie dans la foulée un second épisode intitulé The Forsaken Maiden. Toujours chapeauté par la dream team réunissant Yoko Taro (directeur créatif), Yosuke Saito (producteur exécutif), Keiichi Okabe (compositeur) et Kimihiko Fujisaka (illustrateur), cette « suite » propose une histoire originale, dans un emballage identique à celui de son grand frère. Faut-il alors craquer pour cette aventure inédite ?
Aventure à la carte
The Forsaken Maiden n'est pas une révolution pour qui aurait déjà eu The Isle Dragon Roars entre les mains. C'est même sans grande surprise qu'on se lance dans cette nouvelle aventure qui reprend la même formule, à savoir un RPG tout à fait conventionnel qui fait mouche grâce à son habillage hommage aux jeux de cartes. Malgré la réutilisation d'artworks du premier épisode, le style visuel est toujours aussi fin et touchant, porté par le style incomparable de l'illustrateur aux doigts de fée Kimihiko Fujisaka (The Last Story, Drakengard). L'utilisation des cartes, y compris dans les séquences de dialogues, est une pirouette toujours efficace pour faire travailler l'imaginaire tout en faisant une économie de moyens non négligeable. Alors, jeu de rôle narratif ou visual novel ponctué de combats ? La réponse, aussi floue soit-elle, est : « entre les deux mon capitaine ! ». Une chose est sûre, si vous aimez l'action intense et les RPG à système complexes, il faudra passer votre chemin, car nous sommes ici en présence d'un élève d'une sagesse légendaire.
Parmi les rares évolutions apportées, on compte un nouveau type de capacités de combat à effectuer en duo, gourmandes en gemmes, mais particulièrement redoutables lors des affrontements contre les boss. Cela permet de renforcer (assez modestement tout de même) les synergies entre les différents protagonistes au-delà du scénario. D'ailleurs, contrairement à The Isle Dragon Roars, The Forsaken Maiden ne laisse plus le joueur sélectionner lui-même la composition de son équipe — qui passe à 4 héros sur le terrain au lieu de 3 — mais l'impose selon les rebondissements de l'histoire, ce qui rend le tout plus cohérent. Enfin, et c'est probablement l'arrivée la plus intéressante, le jeu propose désormais un mode rapide qui prendra tout son sens lors des (toujours très nombreux) combats où les animations ont toujours tendance à être léthargiques. Malgré les quelques bugs sonores qu'il peut occasionner en combat, c'est un vrai soulagement qui ferait presque oublier le manque d'innovation de cette suite.
Mer patrie
Si Voice of Cards: The Forsaken Maiden ne prend aucun risque sur la forme, il se démarque principalement de son aîné grâce à un scénario original qui place le joueur au centre d'un archipel. C'est à bord d'un petit bateau de fortune fraîchement retapé que le jeune navigateur Samjïn conquiert les océans en compagnie d'Alva, une jeune fille silencieuse et chétive, sauvée quelques temps plus tôt. Rapidement, Samjïn comprend que l'avenir de son village et de l'île toute entière est menacé par l'absence de prêtresse locale, ces divinités qui apportent l'équilibre du monde et protègent les habitants des menaces les plus terribles. Se sentant l'âme d'un héros, il part alors à la rencontre les prêtresses des îles voisines pour obtenir leurs reliques et accomplir le destin d'Alva et de Silla, son facétieux gardien.
Par sa construction, à savoir une épopée nourrie par plusieurs micro-aventures, The Forsaken Maiden s'inspire des bonnes idées narratives de la série Dragon Quest. Le découpage est clair, net et précis : on résoud les mystères de chaque île, on découvre le caractère bien trempé de chaque prêtresse, avant d'assister à une conclusion qui s'impose après une douzaine d'heures de jeu en ligne droite (et en mode rapide). Il faudra compter quelques heures supplémentaires pour achever les petits à-côtés, comme les tournois du mini-jeu de cartes entre bataille et poker, malheureusement en tous points identique à celui de The Isle Dragon Roars... Une fois bouclée, l'aventure ne méritera malheureusement pas de second run, à moins que vous souhaitiez à nouveau entendre la douce voix du narrateur et vous délecter des musiques uniques et intimistes de Keiichi Okabe.
Une suite sortie moins de six mois après son aîné ne pouvait pas faire de miracles. Si la nouvelle histoire et l'univers maritime sont tout à fait séduisants, l'absence de nouvelle mécanique de combat, la reprise d'une partie des illustrations et la sensation que l'on assiste à un copier-coller au même tarif sont difficilement compréhensibles. Il n'en reste pas moins que Voice of Cards: The Forsaken Maiden est une promenade de santé agréable enchantée par une directions artistique et musicale redoutables.