C’est la fin d’un cycle et sans aucun doute le début d’un autre. Après avoir complété Final Fantasy XV au moyen de mises à jour et de DLC plus ou moins maladroits, Square Enix conclut 2017 avec un troisième et dernier épisode scénarisé, cette fois consacré à Ignis. Malgré quelques efforts visibles sur la forme comme sur le fond, on reste une fois de plus sur notre faim…
Borgne to be alive
Il est désormais admis que le Final Fantasy XV sorti l’année dernière était incomplet. De tous les trous scénaristiques identifiés par les joueurs, le destin d’Ignis est probablement celui qui fâchait le plus. Sans mauvais jeu de mot, un tel non-sens crevait les yeux. Comment les scénaristes pouvaient altérer aussi radicalement le cours de l’histoire sans même faire figurer clairement à l’écran les twists fondamentaux ? Sans surprise, Episode Ignis revient sur l’évènement qui changera pour toujours la vie du cuisto intello du groupe, au milieu d’une Altissia à feu et à sang. L’action bénéficie d’une belle mise en scène et s’intègre assez judicieusement dans la trame principale : ce DLC ne paraît pour une fois pas trop déraciné de l’aventure si bien qu'il aurait facilement pu être intégré au chapitre 9, quand l’Empire passe à l’attaque pendant l’épreuve de l’Hydréenne.
Ardyn, toujours aussi exquis, et Ravus, toujours aussi tourmenté, sont au cœur de cette parenthèse qui rassemble également des centaines de soldats de Niflheim et un melting-pot du bestiaire du jeu (des cœurls et des armures robotisées, par exemple). Si elle ne brille pas par sa richesse, l’histoire de ce chapitre propose tout de même une petite originalité probablement inspirée par le récent succès de NieR: Automata : une route alternative débouchant sur une conclusion de Final Fantasy XV complètement fantaisiste pour ne pas dire incohérente, qui au mieux vous décrochera un sourire. Avec une heure au compteur pour le segment principal et une vingtaine de minutes supplémentaires pour l’itinéraire bis, Episode Ignis, qui demeure le plus réussi des trois DLC de cette première saison, reste anecdotique et ne fait que raviver le sentiment de désenchantement qui nous hante depuis plus d’un an vis-à-vis de la narration.
Élémentaire, mon cher Ignis
Après Gladiolus et Prompto, c’est donc Ignis qui devient la marionnette des joueurs le temps d’un épisode. Comme à leur habitude, les développeurs ont imaginé un nouveau gameplay adapté aux traits du héros. Au passage, il est à noter que Final Fantasy XV propose depuis la toute dernière mise à jour de changer de personnage à la volée en cours de combat. Une grosse nouveauté bienvenue qui profite des développements opérés pour les DLC. Tacticien hors pair, Ignis hérite de dagues élémentaires influant grandement sur son style et ses mouvements, qu’il est possible d’équiper très rapidement via les touches directionnelles. Si le feu se révèle pratique pour les combats en un contre un (pour le boss final notamment), la glace permet d’enchaîner les combos tandis que la foudre permet de se déplacer et frapper à la vitesse de la lumière. L’attaque élémentaire, possible une fois la jauge remplie, et les compétences spéciales complètent l’arsenal. Parmi elles, on trouve Grand Saut, qui malheureusement manque bien souvent sa cible. L’affrontement frénétique de la route alternative aura d’ailleurs raison de la caméra, toujours à la traine quand on enchaîne les déplacements rapides.
Avant d’accéder aux portes du combat final, Episode Ignis laisse entendre qu’un véritable acte de conquête stratégique pourra libérer Altissia des mains de l’Empire. En grimpant sur les toits de la ville à l’aide de son grappin sorti de nulle part, Ignis obtient une vue d’ensemble de l’invasion en cours. Cette conquête stratégique prometteuse n’est finalement qu’une coquille vide, probablement amusante lors d’un second run, mais anecdotique pour la progression principale. Si ce chapitre ne met jamais vraiment le joueur en danger, les trois nouvelles musiques composées par Yasunori Mitsuda, mêlants violons larmoyants, solos de guitares saturées et chœurs grandiloquents, apportent une dimension épique authentique. À nouveau, Final Fantasy XV brille par son OST. L’histoire se répète, à défaut de s’enrichir véritablement.
À l’image des deux précédents DLC scénarisés, Final Fantasy XV: Episode Ignis déçoit par son manque cruel de générosité. Il faut pourtant lui reconnaître un véritable effort de mise en scène et une bande-son explosive, qui peinent toutefois à contrebalancer son gameplay classique, moins stratégique qu’il ne le prétend. Une annexe à réserver aux possesseurs du Season Pass mais qui ne mérite probablement pas les 4,99 € facturés à l’achat.